L'art revêt une importance indéniable dans la vie des sociétés de notre époque. C'est l'un des éléments intangibles qui aide à établir la sérénité dans les esprits et dans les communautés qui sont désormais plus que jamais inquiets face aux diverses menaces: programmes nucléaires, virus artificiels, terrorisme et autres types de dangers. Ces menaces, qui sont fortement interconnectées, pourraient cibler les actifs et les intérêts des sociétés. Une menace ciblant un acteur constitue une menace pour l'ensemble. C'est pour cette raison que les sociétés sont de plus en plus incitées à repenser l'application des aspects intangibles de la paix et la véritable valeur des arts en tant que champ où les artistes contribuent à l'édification d'une société intelligente, stable et avancée, encourageant l'établissement de relations avec les artistes à travers le monde.

Dans une perspective psychosociale, l'art n'est pas seulement une expression esthétique, mais également un instrument de construction symbolique collective si l'on adopte l'approche interactionniste. En ces périodes marquées par la peur et l'incertitude, l'art offre aux personnes une façon de maîtriser l'invisible, de communiquer ce qui est inexpressible et de solidifier les relations sociales, favorisant ainsi une conscience collective.

C'est dans ce contexte qu'une collaboration fructueuse a vu le jour, celle entre le photographe marocain Rachid Bekkaj et l'artiste américaine Elaine Ali Brandi.

Rachid Bekkaj, originaire de Rabat, a poursuivi ses études à l'Université Mohamed V aussi basée à Rabat où il a décroché son doctorat en sociologie. Son attrait pour le domaine artistique s'est révélé dès son plus jeune âge, notamment en ce qui concerne le dessin, la musique, le théâtre et le cinéma. Sa première exposition photographique a eu lieu en 1975 à Moscou. Ses recherches se concentrent sur l'être humain et les enjeux de son existence. Cette passion l'a amené à prendre part à divers événements artistiques au Maroc et à l'international. Il a enseigné à l'institut supérieur des arts dramatiques et d'animation culturelle de Rabat, tout comme à l'institut supérieur des métiers de l'audiovisuel et du cinéma à Rabat. Il se consacre à la sociologie politique, la sociologie du développement ainsi qu'à la sociologie de l'art dans ses travaux. Au-delà de son ouvrage nommé « Dix questions sociologiques au Maroc contemporain », et de son dernier livre intitulé : « La sociologie de l’art : L’art thématique marocain », Rachid Bekkaj, sociologue et artiste, a contribué à plusieurs articles dans diverses revues et quotidiens marocains et internationaux. Il contribue aussi à des travaux collectifs rédigés en arabe, français et anglais. Par ailleurs, il a participé à des rencontres sur des thèmes tels que la photographie en tant qu'art de communication interculturelle et le lien complexe entre l'éducation et la migration. Il est également à l'origine de plusieurs initiatives culturelles et sociales. Ses recherches dans ses travaux artistiques se concentrent sur l'être humain et les enjeux de son existence.

Elaine Alibrandi, une artiste américaine d'origine italienne, elle figure parmi les artistes américains ayant réussi à promouvoir leurs œuvres esthétiques et valorisantes, tant aux États-Unis qu'ailleurs dans le monde. Dans ses créations, elle manifeste ses préoccupations intellectuelles, ses positions philosophiques et idéologiques en mettant l'accent sur l'aspect humain, tout en révélant son ouverture à l'égard du monde extérieur. Elaine Brandi, diplômée du Massachusetts College of Art de Boston (1981), a suivi une formation à la New England School of Art and Design, aussi basée à Boston, et a débuté ses expositions en 1998. En plus de sa carrière de peintre, elle est aussi poétesse et fait partie de la National Society of Women Artists aux États-Unis ainsi que du collectif international d'art féminin.

Elaine Alibrandi a commencé sa carrière en tant que peintre. Cependant, après la création de sa première pièce multimédia, elle a ressenti une véritable libération et un confort dans son expression artistique. Peu importe le moyen qu'elle utilise, la variété de ses méthodes dépasse les obstacles culturels et linguistiques.

L'association du noir et du blanc, associée à la morphologie du rocher, qui émerge aléatoirement sous l'effet de l'érosion du temps et des vagues, crée un récit non linéaire qui révèle la nature fragmentée et perturbée des souvenirs. Cette œuvre démontre comment la photographie réaliste peut être utilisée comme moyen d'exprimer et de partager des émotions complexes, offrant une expérience immersive et empathique. L'approche d’Elaine Alibrandi démontre comment l'interface fixe peut servir de lien entre l'objet et le sujet en présentant progressivement des reliefs qui dépeignent des moments de la vie quotidienne que nous assimilons et superposons les uns aux autres ainsi qu'à nous-mêmes. En prenant la réalité existentielle de la condition féminine comme toile de fond, elle réussit à illustrer des états d'esprit et des émotions, ouvrant ainsi de nouvelles avenues pour explorer et exprimer l'indéfinissable.

Ces deux artistes, bien qu'ils n'aient jamais partagé un parcours artistique en personne et ayant suivi des trajectoires distinctes, ont choisi de collaborer à distance. Rachid Bekkaj et Elaine Alibrandi étaient pleinement conscients de l'importance de cette interaction artistique pour assurer la réussite de cette expérience. Ils collaborent en mettant l'accent sur des valeurs universelles tout en valorisant la perspective unique de chaque artiste dans une approche qui déploie l'aspect esthétique, le choix technique qui véhicule leurs interprétations.

Ces formes de collaborations à distance ouvrent un espace de co-création où les identités ne sont pas figées, mais mouvantes, poreuses, et capables d’interagir. La distance géographique est alors compensée par une proximité émotionnelle, née de la résonance entre deux univers créatifs. »

Les deux artistes ont élaboré leur œuvre en utilisant un langage visuel capable de transformer le particulier en universel et le spécifique en exemplaire. Ces deux artistes sont confrontés à un défi et vivent une expérience où l'émotion et le sentiment fusionnent avec la créativité, cette dernière étant l'une des compétences les plus remarquables dans le monde de l'art. Effectivement, cette relation à la fois intime et distanciée entre les artistes est essentielle dans leur démarche créative, permettant ainsi à chacun de transformer son expérience personnelle en une œuvre d'art universelle.

Quand deux artistes issus de cultures diverses unissent leurs perspectives sur des sujets humains essentiels tels que le chagrin, la mémoire, la condition des femmes ou l'isolement – ils ne créent pas uniquement de l'art : ils élaborent un langage commun où se mêlent le psychologique et le culturel dans une interaction hors du commun. Cela a permis d'attribuer une signification partagée à diverses réalités complexes que le spectateur découvre dans les travaux de ces deux artistes dans le contexte contemporain.

En définitive, la collaboration entre Rachid Bekkaj du Maroc et Elaine Alibrandi des États-Unis est fondée sur un engagement intellectuel.

Pour ces deux artistes, l'expression artistique offre une liberté de manifestation personnelle, politique et sociale. Bien qu'elle ait des convictions féministes, cela n’a pas empêché Elaine Alibrandi d'interagir avec Rachid Bekkaj que ses clichés prouvent sa qualité de photographe talentueux. Leur collaboration a abouti à des œuvres picturales inspirées de ses clichés qui portent sur les rochers marins en 2015. D’autre part, l’influence de l’artiste Elaine Alibrandi sur Rachid Bekkaj était claire, évidente dans son style photographique, qui mettait l’accent sur le noir et blanc, notamment dans les formats moyens et grands.

Dans son travail photographique, Rachid Bekkaj transforme son expérience personnelle du deuil en un monde que le spectateur est libre d'explorer.

Conscience: un sujet artistique captivant, au centre d'une collaboration entre :

Rachid Bekkaj

Elaine Alibrandi