La socialisation de la personnalité délinquante dans les quartiers populaires : une analyse psychosociale
La compréhension de la délinquance juvénile impose de dépasser une lecture purement punitive ou individualisante. Plusieurs travaux en psychologie sociale et en criminologie montrent que l'adolescent délinquant doit être considéré avant tout comme le produit d’un processus de socialisation marqué par des contradictions et des tensions identitaires. Alors, l'objectif de cet article c'est Comprendre et analyser la manière dont la famille, les pairs, l’école et le quartier interagissent pour façonner des comportements déviants ou prosociaux.
Réalisé par Rachid AKARDOUD
Introduction
La délinquance juvénile constitue aujourd’hui une problématique psychosociale majeure, qui interpelle aussi bien les chercheurs que les praticiens et les décideurs publics. Elle ne peut être comprise uniquement comme l’expression individuelle d’un comportement déviant, mais doit être replacée dans un cadre plus large, celui de la socialisation de l’enfant et de l’adolescent. la délinquance est le résulte d’une interaction complexe entre plusieurs facteurs; familiaux, scolaires, sociaux et environnementaux.
Dans les quartiers populaires, cette dynamique se manifeste de manière particulièrement marquée. Car ces espaces, souvent caractérisés par la densité démographique élevée, fragilité socio-économique et une désorganisation sociale, constituent des environnements de socialisation spécifiques. Les normes qui y circulent, les attentes des parents et de la famille, ainsi que l’influence des pairs, façonnent profondément la personnalité de l’enfant. Dans certains cas, la valorisation du risque, de la transgression et de la force devient un marqueur identitaire, au détriment de l’intériorisation de normes.
l’adolescent en quête de repères et de reconnaissance, se trouve confronté à une tension interne : répondre aux attentes de son entourage sans disposer de ces attentes émotionnelles et sociales suffisantes pour y parvenir. Ce décalage fragilise son développement psychologique et peut l’orienter vers des conduites délinquantes perçues comme des stratégies alternatives de réussite ou de valorisation.
Partant de ce constat, cet article se propose d’analyser, sous un passage théorique le rôle de la socialisation dans la construction de la personnalité délinquante de l’enfant, en mettant particulièrement l’accent sur l’influence des zones populaires. À travers une revue de littérature et une mobilisation des principaux modèles de la psychologie sociale et de la criminologie, il s’agira de comprendre comment l’enfant intègre ou subit ces influences sociales, et quelles pistes de soutien peuvent être envisagées pour accompagner son développement et prévenir l’entrée dans la délinquance. Cette problématique nous mettons enfaces des questions suivantes, comment peut ont comprendre les comportements des adolescents dans cette période ? Quelles sont les rôles de la famille vers ces vagues de fusion ? Quelles les causes environnementaux derrière de ces situations d'inadaptation ? Quelles sont les attentes sociétaux et la confrontation adéquate ?
Socialisation et construction de la personnalité
La socialisation peut être définie comme le processus par lequel l’individu intériorise les normes, valeurs, croyances et comportements propres à son milieu social. d'après Durkheim (1893), elle constitue une « contrainte sociale » qui s’impose à l’individu afin d’assurer la cohésion du groupe. Plus tard, Mead (1934) et Berger & Luckmann (1966) ont enrichi cette conception en soulignant la dimension interactive de la socialisation : l’individu ne subit pas passivement les influences sociales, mais participe activement à la construction de son identité à travers ses échanges avec autrui.
Dans ce cadre, l'individu est soumis à plusieurs agents de socialisation : la famille, l’école, les pairs et l'entourage. La famille représente l’instance première où se transmettent les valeurs, les modèles de comportement et les règles de vie commune. L’école, en tant qu’institution formelle, assure la transmission des savoirs et contribue à l’intégration sociale par la discipline et l’apprentissage de la coopération. Les pairs, quant à eux, jouent un rôle crucial à l’adolescence : ils constituent un groupe de référence où s’élaborent de nouvelles normes, parfois en rupture avec celles transmises par la famille. Alors, le contexte socioculturel global façonnent le cadre normatif dans lequel l’enfant évolue au quotidien.
Au Maroc et selon une perspective psychosociale les travaux du Professeur EL Mostafa Haddiya apportent un éclairage essentiel sur cette problématique. Il considère la socialisation comme un processus complexe reliant étroitement les dimensions psychologiques et sociales, influençant à la fois l’identité individuelle et l’intégration collective. Selon lui, l’impact des contextes ruraux et urbains est déterminant, notamment en matière de scolarisation et d’accès aux ressources éducatives. Haddiya met en évidence les contradictions qui apparaissent entre la famille et l’école, lorsque leurs attentes et leurs modes de transmission diffèrent, ce qui fragilise la cohérence du processus de socialisation.
Par ailleurs, il souligne les défis contemporains posés par la modernité et par les médias, qui introduisent de nouvelles références culturelles et de nouveaux modèles de réussite, parfois en décalage avec les valeurs traditionnelles. Dans ce contexte, l’enfant ou l’adolescent peut développer un sentiment de confusion identitaire, pris entre plusieurs systèmes de normes contradictoires. Face à ces tensions, Haddiya plaide pour un projet de socialisation cohérent, où l’éducation et la culture deviennent des leviers de transformation sociale, capables de répondre aux crises identitaires et aux mutations socioculturelles liées à la mondialisation et à la société du savoir.
En revanche, une étude menée par Dr. Mohamed Ettomi (2022) explore la personnalité antisociale chez des détenus récidivistes et montre que le retour à la criminalité ne se réduit pas à un problème légal ou superficiel. Il reflète un effondrement complexe à la fois psychologique et social, notamment lié à des carences affectives précoces, à une structure familiale fragilisée et à une absence d’inclusion sociale. Ces résultats renforcent l’idée que la délinquance juvénile doit être comprise à travers l’articulation entre socialisation déficiente et vulnérabilités psychologiques.
La spécificité de l’adolescence réside enfin dans la quête d’identité. Selon Erikson (1968), cette période est marquée par une crise développementale au cours de laquelle l’individu cherche à concilier les attentes sociales avec ses propres aspirations. Lorsque les ressources internes (estime de soi, contrôle de soi, compétences sociales) sont insuffisantes pour répondre aux pressions sociales et aux attentes de l’entourage, l’adolescent peut recourir à des stratégies alternatives. Dans certains milieux populaires, la transgression et la prise de risque deviennent ainsi des moyens symboliques d’affirmer une identité et d’obtenir reconnaissance et valorisation.
La socialisation n’est pas un processus homogène ni linéaire. Elle peut favoriser le développement prosocial de l’enfant lorsqu’elle s’accompagne de soutien affectif, d’opportunités éducatives et d’encadrement structurant. Mais elle peut aussi orienter l’individu vers des conduites déviantes lorsque les environnements de socialisation valorisent la transgression ou n’offrent pas d’alternatives crédibles de réussite.
En revanche une étude menée par Dr. Mohamed Ettomi (2022) explore la personnalité antisociale chez des détenus retournant en prison, et montre que le retour criminel ne se réduit pas à un problème légal ou superficiel, mais reflète un effondrement complexe à la fois psychologique et social notamment lié à des carences affectives dès l’enfance, à une structure familiale fragilisée, à l’absence d’inclusion sociale, etc.
Le rôle de la famille
La famille représente le premier agent de socialisation. C’est en son sein que l’enfant fait l’expérience des premières règles, qu’il apprend à différencier le permis de l’interdit, et qu’il construit son rapport aux figures d’autorité. Les relations affectives, la communication et la supervision parentale jouent un rôle déterminant dans la structuration de la personnalité et dans la prévention des conduites déviantes.
De nombreux travaux en psychologie sociale et en criminologie ont montré que la qualité des interactions familiales influence fortement l’orientation des trajectoires développementales. Hirschi (1969), dans sa théorie du contrôle social, insiste sur l’importance de l’attachement familial : plus le lien affectif avec les parents est solide, plus l’enfant est susceptible d’intérioriser des normes sociales prosociales. À l’inverse, un déficit d’attachement, un climat conflictuel ou une absence de supervision peuvent fragiliser l’enfant et accroître son exposition à la délinquance.
Dans les quartiers populaires, les attentes parentales constituent un facteur ambivalent. D’un côté, les parents aspirent à ce que leurs enfants accèdent à une mobilité sociale ascendante, souvent à travers la réussite scolaire et l’insertion professionnelle. Mais d’un autre côté, les contraintes socio-économiques, la précarité et le manque de ressources éducatives rendent ces attentes difficiles à concrétiser. Ce décalage peut générer un sentiment de pression chez l’enfant, qui se voit assigné à des objectifs irréalisables avec les moyens dont il dispose.
La contradiction entre des attentes élevées et un encadrement insuffisant fragilise la cohérence de la socialisation. Certains enfants intériorisent une image de soi négative, nourrie par l’impossibilité de répondre aux exigences parentales et sociales. D’autres cherchent des formes alternatives de reconnaissance, notamment à travers la prise de risque ou l’appartenance à des groupes de pairs valorisant la transgression.
Alors, la famille peut transmettre, consciemment ou non, des modèles de comportements antisociaux. Des études (Patterson et al., 1992) ont montré que dans des environnements familiaux marqués par la violence domestique, l’incohérence éducative ou l’absence de discipline claire, les enfants développent plus facilement des conduites agressives ou déviantes. Dans ces cas, la délinquance apparaît moins comme une rupture que comme la continuité d’un climat relationnel dysfonctionnel.
Ainsi, la famille, loin d’être un facteur univoque, peut constituer à la fois un rempart protecteur ou un vecteur de vulnérabilité. Tout dépend de la qualité des liens affectifs, du soutien émotionnel, de la supervision et de la capacité des parents à offrir un cadre éducatif stable et cohérent.
L’influence des pairs
À l’adolescence, les groupes de pairs deviennent des instances de socialisation majeures. Ils offrent un espace de reconnaissance et d’expérimentation identitaire, mais peuvent également constituer un vecteur de déviance. Plusieurs recherche en psychologie sociale montre que les adolescents sont particulièrement sensibles à la pression du groupe et à la recherche de validation sociale, ce qui peut influencer profondément leurs conduites (Brown & Larson, 2009).
Dans les quartiers populaires, où les opportunités éducatives et professionnelles sont souvent limitées, les groupes de pairs jouent un rôle encore plus central. Ils peuvent devenir des substituts aux instances traditionnelles de socialisation (famille, école), en proposant leurs propres normes de comportement. Lorsque ces normes valorisent la transgression, la confrontation à l’autorité ou la prise de risque, elles participent à la normalisation de la délinquance comme mode d’affirmation identitaire.
La théorie de l’apprentissage social de Bandura (1977) éclaire ce processus : l’enfant et l’adolescent apprennent en observant et en imitant les comportements valorisés par leurs pairs. Si la bravoure face au danger ou la capacité à défier l’autorité sont perçues comme des signes de force et de maturité, ces conduites tendent à être reproduites et renforcées. De même, la théorie de l’association différentielle de Sutherland (1947) postule que l’exposition répétée à des définitions favorables à la déviance augmente la probabilité d’adopter des comportements délinquants.
L’appartenance à un groupe de pairs déviants fournit à l’adolescent un sentiment de cohésion et d’identité partagée, mais elle peut aussi renforcer une logique de spirale délinquante. Plus l’adolescent participe à des activités transgressives avec son groupe, plus il intériorise une identité de “délinquant”, en opposition aux attentes sociales dominantes. Cette dynamique est particulièrement marquée lorsque l’adolescent se sent en échec vis-à-vis des normes scolaires et familiales, et qu’il trouve dans le groupe une forme de valorisation alternative.
Cependant, il convient de souligner que l’influence des pairs n’est pas uniquement négative. Dans un environnement structuré et soutenant, les pairs peuvent au contraire favoriser l’intégration sociale, la coopération et l’adoption de conduites prosociales. L’effet des pairs dépend donc des valeurs et comportements dominants au sein du groupe de référence.
Ainsi, l’influence des pairs constitue un levier central dans la compréhension de la délinquance juvénile : elle montre que la socialisation est avant tout une dynamique relationnelle, où le besoin de reconnaissance et d’appartenance peut conduire l’adolescent à adopter des conduites conformes aux normes de son environnement immédiat, qu’elles soient prosociales ou déviantes.
L'impact de l'entourage et le contexte social
L'entourage constitue un cadre de socialisation déterminant, particulièrement dans les espaces populaires où les enfants et adolescents passent une grande partie de leur temps hors du contrôle direct de la famille ou de l’école. La psychologie sociale et la criminologie ont largement démontré que l’environnement communautaire façonne les opportunités, les valeurs et les comportements disponibles aux jeunes.
Les travaux pionniers de Shaw et McKay (1942) sur la désorganisation sociale soulignent que les quartiers marqués par la pauvreté, la mobilité résidentielle et l’hétérogénéité culturelle présentent des taux plus élevés de délinquance juvénile. Dans ces contextes, les institutions de contrôle social famille, école, associations peinent à exercer leur influence, laissant place à des normes informelles où la transgression devient parfois banalisée.
Dans les quartiers populaires, les jeunes sont confrontés à une double tension. En revanche, la société valorise des modèles de réussite scolaire et professionnelle qui apparaissent difficilement accessibles en raison de la précarité économique et des inégalités structurelles. D’autre part, l’espace public immédiat offre des modèles alternatifs de reconnaissance, souvent centrés sur la force, la débrouillardise et la prise de risque. Ce décalage favorise l’émergence de conduites déviantes comme stratégies d’adaptation ou de valorisation.
Le quartier fonctionne ainsi comme un “laboratoire identitaire”, où l’adolescent apprend à négocier son appartenance sociale. Les interactions de proximité, les activités de groupe, mais aussi l’observation des figures locales (pairs plus âgés, leaders informels, modèles de réussite “parallèle”) influencent fortement les trajectoires. La théorie de l’opportunité différentielle (Cloward & Ohlin, 1960), montre que l’accès à des sous-cultures déviantes structurées dans certains environnements peut fournir aux jeunes des moyens alternatifs de mobilité sociale, renforçant leur engagement dans la délinquance.
Cependant, il serait réducteur de considérer le quartier uniquement comme un espace criminogène. Les mêmes espaces populaires peuvent également générer des solidarités, des formes de soutien communautaire et des ressources associatives qui jouent un rôle protecteur. L'entourage dans ce sens, est un lieu ambivalent : il peut être à la fois un incubateur de marginalisation et une source de résilience, selon la nature des réseaux sociaux, la présence ou l’absence d’institutions (centres culturels, associations sportives, initiatives éducatives).
Ainsi, l’étude des quartiers populaires met en lumière l’importance d’adopter une lecture contextuelle et systémique de la délinquance juvénile. L’enfant et l’adolescent n’agissent pas dans un vide, mais dans un environnement social qui conditionne leurs opportunités, définit leurs modèles de référence et contribue à façonner leur identité.
Le conflit interne de l’adolescent
L’adolescence constitue une étape cruciale du développement, marquée par des transformations biologiques, cognitives et sociales qui rendent l’individu particulièrement vulnérable aux influences externes. Selon Erikson (1968), cette période est dominée par la crise identitaire, au cours de laquelle l’adolescent cherche à répondre à la question fondamentale : « Qui suis-je ? ». Lorsque les ressources internes, estime de soi, contrôle de soi, compétences sociales sont insuffisantes, cette quête identitaire peut se transformer en un conflit interne générateur de conduites déviantes.
Dans les quartiers populaires, ce conflit se manifeste avec une acuité particulière. L’adolescent se trouve exposé à des attentes parentales souvent élevées réussite scolaire, intégration professionnelle, respect des normes familiales mais confronté simultanément à un environnement socio économique limité et à des pairs valorisant la transgression. Cette contradiction place le jeune dans une situation de tension : il est sommé d’atteindre des objectifs sans disposer des moyens légitimes pour les réaliser.
La théorie de l’anomie de Merton (1938) éclaire ce phénomène en montrant comment le décalage entre buts socialement valorisés et absence de moyens accessibles peut conduire à l’adoption de stratégies alternatives, dont la délinquance fait partie. Le jeune ne rejette pas nécessairement les idéaux de réussite et de reconnaissance, mais, faute de pouvoir y accéder par les voies traditionnelles, il cherche à les atteindre par des conduites transgressives qui lui permettent d’obtenir prestige et appartenance dans son groupe de pairs.
Ce conflit interne s’accompagne également d’une fragilité psychologique. Beaucoup d’adolescents délinquants oscillent entre désir de conformité et attrait pour la transgression. Ils expriment à la fois une quête de reconnaissance sociale et un sentiment d’impuissance face à leurs limites personnelles et aux contraintes de leur environnement. Cette ambivalence peut générer frustration, agressivité ou désengagement scolaire, qui alimentent à leur tour le cycle délinquant.
Enfin, les contradictions entre les différents agents de socialisation accentuent ce conflit identitaire. La famille peut prôner la discipline et la réussite scolaire, l’école valoriser l’effort et l’obéissance, tandis que les pairs encouragent la prise de risque et la bravoure. L’adolescent, pris entre ces systèmes de normes divergentes, peine à construire une identité cohérente. Dans ce contexte, la délinquance apparaît moins comme un choix individuel que comme une tentative de conciliation des attentes contradictoires de son environnement.
Ainsi, le conflit interne de l’adolescent ne se réduit pas à une simple fragilité psychologique : il traduit un processus social et identitaire complexe, où les pressions externes, les contradictions normatives et les ressources limitées convergent pour orienter certains jeunes vers des trajectoires déviantes.
Pistes de compréhension et de soutien
La compréhension de la délinquance juvénile impose de dépasser une lecture purement punitive ou individualisante. Les travaux en psychologie sociale et en criminologie montrent que l'adolescent délinquant doit être considéré avant tout comme le produit d’un processus de socialisation marqué par des contradictions et des tensions identitaires. Comprendre la trajectoire de ces jeunes, c’est donc analyser la manière dont la famille, les pairs, l’école et le quartier interagissent pour façonner des comportements déviants ou prosociaux.
Dans cette perspective, plusieurs auteurs insistent sur la nécessité d’adopter une approche systémique. notamment chez Bronfenbrenner (1979), à travers son modèle écologique du développement humain, rappelle que l’individu évolue dans un ensemble de systèmes imbriqués famille, école, communauté, société qui influencent simultanément son parcours. Ainsi, toute action de prévention ou d’accompagnement doit tenir compte de cette complexité et mobiliser plusieurs niveaux d’intervention.
La littérature souligne d’abord le rôle de la famille comme espace de soutien et de protection. Un encadrement parental cohérent, une communication affective et une supervision adaptée sont identifiés comme des facteurs de résilience (Hirschi, 1969 ; Patterson et al., 1992). Des programmes de soutien à la parentalité, axés sur la formation éducative et la gestion des conflits, apparaissent donc comme des leviers majeurs de prévention.
L’influence des pairs constitue également un axe central d’intervention. Les travaux sur l’apprentissage social (Bandura, 1977) suggèrent que promouvoir des groupes de pairs prosociaux à travers des clubs, associations ou activités sportives et culturelles peut orienter les jeunes vers des comportements valorisés socialement sans recourir à la délinquance. Il s’agit de substituer aux normes de bravoure transgressive des formes alternatives de reconnaissance et de valorisation.
Le quartier est un espace d’action collective. Les recherches sur la désorganisation sociale (Shaw & McKay, 1942) montrent que renforcer les institutions publiques; associations, centres culturels, structures éducatives contribue à stabiliser le tissu social et à offrir aux jeunes des opportunités d’intégration positives. La création d’espaces de socialisation encadrés permet d’atténuer l’influence des modèles déviants.
Dans cette logique, les travaux de plusieurs chercheurs ont souligné l’impact des contradictions entre famille et école, ainsi que le rôle des médias et de la modernité dans les crises identitaires, il plaide pour un projet de socialisation cohérent, capable de répondre aux mutations socioculturelles contemporaines. L’éducation et la culture apparaissent ici comme des outils fondamentaux de transformation, non seulement pour prévenir la délinquance, mais aussi pour favoriser l’intégration harmonieuse des jeunes dans la société du savoir et de la mondialisation
En somme, la compréhension de la délinquance juvénile dans les quartiers populaires marocaine ma appelle une approche intégrée : considérer l’enfant non pas isolément, mais dans l’ensemble de ses environnements de socialisation, et développer des soutiens adaptés à chaque niveau familial, scolaire, communautaire et culturel.
Références
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